Comment Bruxelles lutte contre la pollution de l’air pour protéger notre santé !

by | 22 Août 2025 | Environnement, Politique et société, Transition | 0 comments

Bruxelles étouffe parfois, au sens propre. La qualité de l’air reste une préoccupation majeure pour la santé des Bruxellois. Dans une ville dense et en perpétuel mouvement, les niveaux de particules fines, de dioxyde d’azote ou d’ozone dépassent régulièrement les seuils recommandés. Alors que les effets sanitaires deviennent de plus en plus visibles, la ville se mobilise pour améliorer l’air que nous respirons chaque jour.

Une ville encore trop polluée

Respirer à Bruxelles n’est pas toujours anodin. Selon les dernières données de Bruxelles Environnement, la pollution de l’air reste l’un des premiers facteurs environnementaux affectant la santé des habitants. En 2023, le dioxyde d’azote (NO₂), principalement émis par le trafic routier, a dépassé les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur plusieurs grands axes de la capitale. Les particules fines (PM2.5 et PM10), issues à la fois des moteurs thermiques, du chauffage et de l’industrie, restent présentes dans des proportions préoccupantes.

Cette pollution chronique a un coût humain lourd. Un rapport de l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles estime que près de 1 000 décès prématurés par an sont liés à la mauvaise qualité de l’air dans la région. Les pathologies respiratoires comme l’asthme, les bronchites chroniques ou encore les maladies cardio-vasculaires sont en nette augmentation, en particulier chez les enfants, les personnes âgées et les habitants vivant près des axes à fort trafic.

Un projet comme CurieuzenAir, mené en 2021 avec plus de 3 000 capteurs citoyens, a permis de cartographier de manière très fine l’exposition des Bruxellois. Il a révélé d’importantes inégalités selon les quartiers, certains cumulant forte densité, pauvreté et pollution. Ces résultats ont souligné l’urgence d’agir à l’échelle locale, en lien étroit avec les enjeux de santé publique.

📊 Chiffres clés – Pollution de l’air à Bruxelles

  • 1 000 décès prématurés par an liés à la pollution de l’air dans la région de Bruxelles-Capitale (Observatoire de la Santé, 2023)

  • 53 % des écoles bruxelloises exposées à un air dépassant les normes de qualité définies par l’OMS (CurieuzenAir, 2021)

  • 34 μg/m³ de NO₂ mesurés en moyenne dans les rues très fréquentées, au-dessus de la valeur-guide de l’OMS (10 μg/m³)

  • PM2.5 : 2 à 3 fois supérieurs aux niveaux recommandés dans certains quartiers densément urbanisés

  • 3e cause environnementale de mortalité en Belgique, après le bruit et le stress thermique

Des politiques publiques et citoyennes en mouvement

Face à l’urgence sanitaire et environnementale, Bruxelles ne reste pas passive. Ces dernières années, une série d’initiatives concrètes ont vu le jour pour améliorer durablement la qualité de l’air. En tête, le Plan Air Climat Énergie 2030, qui combine lutte contre la pollution atmosphérique, réduction des émissions de gaz à effet de serre et transition énergétique.

L’un des leviers les plus visibles est la Zone de basses émissions (LEZ), instaurée depuis 2018. Son principe est simple : interdire progressivement les véhicules les plus polluants dans la capitale. Cette mesure, encore renforcée en 2025, vise à réduire drastiquement les émissions de particules fines et de NO₂ dues au trafic routier. Les effets commencent à se faire sentir, notamment autour des grands boulevards et des tunnels urbains.

Mais la transition ne se joue pas uniquement sur les routes. Bruxelles Environnement coordonne également un vaste réseau de stations de mesure, combiné à des campagnes citoyennes innovantes. Le projet CurieuzenAir, mené avec l’Université d’Anvers et plus de 3 000 habitants volontaires, a permis de cartographier précisément les zones les plus polluées. Ces données sont devenues un véritable outil de plaidoyer pour les acteurs de terrain.

Plusieurs associations locales jouent aussi un rôle moteur. Les Chercheurs d’Air sensibilisent les familles bruxelloises à la pollution de l’air à travers des capteurs mobiles et des actions dans les écoles. Inter-Environnement Bruxelles milite depuis longtemps pour une ville plus respirable, notamment en remettant en question les logiques d’aménagement favorisant la voiture au détriment des mobilités douces.

Enfin, les plans de végétalisation, le développement de pistes cyclables, et la création d’espaces apaisés viennent compléter cette stratégie. L’objectif n’est pas seulement de réduire les polluants, mais aussi de repenser la ville en faveur de la santé publique et du bien-être.

Un impact réel sur la santé et les modes de vie

Les effets des politiques locales commencent à se faire sentir, même si le chemin reste long. Depuis la mise en place de la LEZ, les concentrations moyennes de dioxyde d’azote ont baissé sur plusieurs axes routiers majeurs. À proximité du canal, à la rue de la Loi ou encore au carrefour Arts-Loi, les stations de mesure ont relevé une baisse de 15 à 25 % des niveaux de pollution en cinq ans.

L’impact est aussi social et sanitaire. Une meilleure qualité de l’air se traduit par moins d’hospitalisations, une diminution des absences scolaires ou professionnelles, et un mieux-être général, en particulier pour les publics les plus fragiles.

Mais ces résultats révèlent aussi des disparités persistantes. Certains quartiers, souvent les plus densément peuplés ou socialement défavorisés, restent plus exposés à la pollution. L’enjeu est donc autant écologique que démocratique : il s’agit de garantir à chacun, quel que soit son lieu de résidence, le droit à un air sain.

Ces actions ont aussi un impact culturel. En mettant la pollution de l’air au cœur des débats, elles encouragent les citoyens à adopter des comportements plus durables : marcher, pédaler, prendre les transports en commun. Le changement est en marche, porté par une volonté collective de faire de Bruxelles une ville où il fait bon respirer.

Une parole citoyenne : quand l’air devient visible

« Depuis que la zone basse émission a été étendue dans notre quartier, j’ai vraiment senti une différence. Mon fils de 8 ans, qui est asthmatique, respire mieux, et moi je me sens plus sereine. Avant, on évitait même certaines rues aux heures de pointe. »
Sofia, habitante d’Anderlecht

Ce genre de témoignage reflète une réalité vécue par de nombreux Bruxellois. Au-delà des chiffres, ce sont des vies concrètes qui sont impactées positivement.

S’inspirer d’ailleurs, penser plus loin

Bruxelles n’est pas seule. À Paris, des zones à trafic limité et un vaste plan vélo transforment la ville. Londres a instauré une Ultra Low Emission Zone stricte. Amsterdam vise la disparition complète des moteurs thermiques d’ici 2030.

Bruxelles, avec ses spécificités sociales et institutionnelles, mise sur une approche participative, mêlant données scientifiques, actions locales et implication citoyenne. L’avenir se joue aussi sur le plan technologique : capteurs intelligents, modélisation prédictive, ou encore analyses en temps réel permettront bientôt d’aller plus loin.

Mais l’enjeu dépasse la technique : il s’agit de refonder le contrat urbain, d’imaginer une ville plus douce, plus juste, plus respirable.

Agir dès maintenant, ensemble

La pollution de l’air à Bruxelles n’est pas une fatalité. Si les niveaux restent préoccupants dans certains quartiers, les efforts collectifs portent leurs fruits. Grâce à une combinaison de mesures publiques ambitieuses, de mobilisation citoyenne et de données partagées, la capitale entame une véritable transformation.

Respirer un air sain ne devrait pas être un privilège. En tant qu’habitants, nous avons un rôle à jouer : changer nos habitudes de transport, soutenir les projets durables, participer aux mesures locales, s’informer.

Protéger notre santé, c’est aussi protéger notre ville.

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