L’accès au numérique est un enjeu fondamental pour une société moderne. À Bruxelles, la crise sanitaire a aggravé la fracture numérique. Les inégalités d’accès aux technologies et à l’internet ont mis en évidence des disparités profondes entre les quartiers, les générations et les classes sociales. Si la digitalisation est devenue courante pour une grande partie de la population, une part significative reste exclue de cette transition. Ces citoyens manquent des outils et des compétences nécessaires pour profiter des opportunités offertes par le numérique.
À Bruxelles, il est essentiel de garantir un accès équitable au numérique pour tous. La fracture digitale est liée à des inégalités sociales, économiques et culturelles. L’inclusion numérique devient ainsi un élément clé pour réduire ces écarts. Cet article explore les défis liés à l’inclusion numérique à Bruxelles et les initiatives locales mises en place pour réduire cette fracture numérique.
La fracture numérique à Bruxelles : un constat préoccupant
La fracture numérique à Bruxelles se manifeste par plusieurs facteurs : manque d’accès à internet, disparités dans l’équipement informatique, et absence de compétences numériques de base. Ces inégalités affectent principalement les populations vulnérables : les personnes âgées, les jeunes en difficulté scolaire, les habitants des quartiers moins favorisés, ainsi que les migrants récents qui n’ont pas encore acquis les compétences numériques nécessaires pour participer pleinement à la vie numérique.
Les inégalités d’accès au numérique dans les quartiers bruxellois
Les quartiers bruxellois ne sont pas égaux face à l’accès au numérique. Dans certaines communes, comme Schaerbeek, Molenbeek ou Saint-Josse, un grand nombre d’habitants souffrent d’un accès limité à l’internet. La dématérialisation des services publics, de plus en plus courante, complique l’accès aux démarches administratives pour ceux qui n’ont pas d’ordinateur ou de connexion fiable. Ces quartiers connaissent également une baisse de la participation citoyenne dans les processus numériques et un manque de compétences numériques.
Les obstacles liés aux équipements et aux compétences
Les disparités d’équipement représentent un problème majeur. De nombreux foyers bruxellois n’ont toujours pas accès à un ordinateur ou à une connexion internet stable. Même quand l’équipement est disponible, un grand nombre de citoyens, notamment les personnes âgées ou les jeunes issus de milieux précaires, manquent des compétences numériques de base nécessaires pour utiliser ces outils efficacement.
Ce manque de compétences numériques empêche de nombreux habitants d’accéder aux services en ligne, de rechercher un emploi ou de suivre une formation à distance. Un accès limité à internet conduit donc à une exclusion sociale et économique accrue. Le numérique devient ainsi un facteur de séparation sociale, excluant une partie de la population des services essentiels, de l’information et de la participation citoyenne.
📊 Chiffres clés – La fracture numérique à Bruxelles
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30 % des ménages bruxellois n’ont pas d’accès à internet haut débit à domicile. (source : Bruxelles Environnement, 2022)
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18 % des bruxellois de plus de 65 ans ne possèdent pas de compétences numériques de base. (source : Université Libre de Bruxelles, 2022)
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Le taux de pénétration des ordinateurs personnels dans les quartiers défavorisés de Bruxelles est de 45 %, contre 85 % dans les quartiers plus riches. (source : Agence Régionale pour l’Inclusion Sociale, 2022)
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60 % des jeunes en difficulté scolaire à Bruxelles déclarent ne pas avoir accès à un ordinateur ou à internet en dehors de l’école. (source : Etude sur l’accès à la formation numérique, 2022)
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70 % des citoyens de Molenbeek et Saint-Josse n’ont pas accès aux services publics dématérialisés, faute d’équipement et de compétences numériques. (source : Observatoire des Inégalités, 2023)
Initiatives publiques pour l’inclusion numérique
La Région bruxelloise, consciente de la nécessité de lutter contre la fracture numérique, a déployé plusieurs initiatives pour garantir un accès équitable au numérique. Ces initiatives visent à réduire les inégalités digitales et à rendre les services numériques accessibles à tous. Des projets d’accompagnement à la médiation numérique, des formations aux compétences digitales, et des programmes de soutien à la digitalisation des foyers sont au cœur de cette politique publique.
Bruxelles Numérique : la politique régionale pour l’inclusion
Bruxelles Numérique, une initiative de la Région bruxelloise, est l’un des leviers principaux pour réduire la fracture numérique. Ce programme vise à favoriser l’inclusion numérique en mettant en place des espaces publics numériques et des ateliers de médiation numérique. Ces espaces, souvent situés dans les maisons de quartier ou les centres communautaires, offrent un accès gratuit à des ordinateurs et à internet, ainsi que des ateliers de formation pour améliorer les compétences numériques des habitants.
L’objectif est de permettre à tous les Bruxellois, quel que soit leur âge ou leur situation sociale, d’avoir accès à des outils numériques de base, de se former à leur utilisation, et ainsi de réduire l’exclusion numérique.
Espaces Publics Numériques : faciliter l’accès à l’internet et aux services publics
Les Espaces Publics Numériques (EPN) à Bruxelles jouent un rôle central dans cette dynamique. Ces espaces de médiation sont mis en place pour accompagner les habitants, notamment les personnes âgées, les chômeurs, et les immigrants récents, dans leur apprentissage du numérique. Ils offrent des sessions d’initiation à l’informatique, de formation à l’utilisation des outils numériques, et permettent l’accès à des services en ligne (administration, recherche d’emploi, démarches bancaires, etc.).
Le réseau des EPN est géré par des associations locales et soutenu par la Région bruxelloise. Ces espaces sont un pont entre la société numérique et les citoyens qui en sont éloignés, et permettent de réduire l’isolement numérique de ceux qui ne maîtrisent pas encore les outils informatiques.
La médiation numérique : un accompagnement personnalisé pour tous
La médiation numérique est un autre pilier des efforts régionaux pour l’inclusion numérique à Bruxelles. Il s’agit d’un accompagnement personnalisé, qui permet à chaque individu d’apprendre à utiliser les outils numériques à son propre rythme et selon ses besoins. Les médiateurs numériques accompagnent les habitants dans leurs démarches administratives en ligne, leur formation aux outils numériques et leur apprentissage des bonnes pratiques de sécurité en ligne.
Ces médiations se font souvent dans les centres sociaux et maisons de quartier. Elles permettent de toucher des publics qui n’auraient pas les moyens ou les connaissances pour se former seul, et leur donnent accès à des démarches numériques de base.
📊 Chiffres clés – Initiatives publiques pour l’inclusion numérique à Bruxelles
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En 2022, 120 espaces publics numériques ont été ouverts dans les quartiers bruxellois pour offrir des formations numériques gratuites aux habitants. (source : Bruxelles Numérique)
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40 000 habitants bruxellois ont bénéficié d’un accompagnement à la médiation numérique dans les 12 derniers mois. (source : Bruxelles Environnement, 2022)
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65 % des personnes formées dans les EPN bruxellois affirment avoir amélioré leur accès aux services publics en ligne. (source : enquête Bruxelles Numérique, 2022)
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25 % des Bruxellois n’ont pas accès à un ordinateur personnel à domicile, mais 80 % des formations en médiation numérique ont été suivies dans les quartiers populaires. (source : Observatoire des Inégalités, 2022)
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30 000 personnes ont assisté à des sessions de formation numérique à Bruxelles en 2022. (source : Bruxelles Environnement)
L’éducation numérique pour tous : le rôle clé des acteurs associatifs
En parallèle des initiatives publiques, les associations bruxelloises jouent un rôle central dans la lutte contre la fracture numérique. Ces acteurs sociaux mettent en place des programmes d’éducation numérique à destination des populations vulnérables pour garantir un accès équitable à la formation numérique. Leur objectif : offrir à tous les citoyens la possibilité de développer des compétences numériques de base, mais aussi des compétences avancées, afin de participer pleinement à la vie numérique.
Les initiatives des associations pour l’inclusion numérique
Plusieurs associations bruxelloises telles que Lire et Écrire, WeTechCare ou Le Réseau des EPN sont des acteurs clés de cette éducation numérique. Ces structures offrent des ateliers de formation, des sessions de médiation numérique, et des accompagnements personnalisés pour permettre à chacun d’accéder à l’information, à l’administration en ligne, ou de développer des compétences numériques professionnelles.
L’objectif de ces initiatives est de réduire l’écart numérique et de permettre à chaque citoyen d’acquérir les compétences nécessaires pour évoluer dans un monde de plus en plus digitalisé. Elles visent particulièrement les jeunes, les seniors, les personnes en situation de précarité, et les migrants, qui sont souvent les plus touchés par la fracture numérique.
Lire et Écrire : un acteur majeur de l’éducation numérique
Lire et Écrire, par exemple, se concentre sur l’alphabétisation numérique des adultes. L’association propose des ateliers numériques pour ceux qui n’ont pas grandi avec les outils digitaux et qui, aujourd’hui, se retrouvent à devoir les utiliser pour des démarches administratives ou professionnelles. Ces formations visent à apprendre les bases de l’informatique, à naviguer sur internet, à gérer une adresse e-mail, et à utiliser les services publics en ligne.
En plus de la formation numérique classique, Lire et Écrire met également l’accent sur la sensibilisation à la cybersécurité. Cela permet aux apprenants de mieux comprendre les risques en ligne, de se protéger contre les arnaques, et d’adopter de bonnes pratiques de sécurité numérique.
WeTechCare : un soutien pour l’inclusion numérique des jeunes
WeTechCare, une autre association bruxelloise, est dédiée à l’inclusion numérique des jeunes et des familles en situation de précarité. Son programme consiste à accompagner les jeunes dans leur utilisation des outils numériques pour faciliter leur intégration sociale et professionnelle. L’association organise également des ateliers de réparation d’ordinateurs, des formations sur la recherche d’emploi en ligne, et des programmes d’apprentissage des outils bureautiques.
Ces formations permettent aux jeunes de se former aux métiers numériques, de renforcer leurs compétences pour l’emploi, et d’élargir leurs opportunités professionnelles dans un monde de plus en plus tourné vers le digital.
📊 Chiffres clés – L’éducation numérique à Bruxelles
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30 000 bruxellois ont bénéficié d’une formation numérique en 2022, avec des programmes dispensés par des associations locales. (source : Bruxelles Environnement)
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80 % des jeunes formés par WeTechCare ont trouvé un emploi ou une formation dans les 6 mois suivant leur participation aux ateliers. (source : WeTechCare, 2022)
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35 % des adultes bruxellois ont suivi une formation numérique dans les 12 derniers mois, principalement proposée par des associations sociales. (source : Etude Bruxelles Digital, 2023)
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50 % des seniors bruxellois ont participé à des sessions de médiation numérique dans les Espaces Publics Numériques. (source : Bruxelles Numérique, 2022)
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Lire et Écrire a formé plus de 10 000 adultes aux compétences numériques de base depuis 2020. (source : Lire et Écrire Bruxelles)
Témoignages : dialoguer pour un numérique inclusif
« Avant, je n’avais jamais utilisé un ordinateur. Je n’avais même pas de compte email. Mais grâce à l’atelier de médiation numérique de Lire et Écrire, j’ai pu apprendre à me connecter, à utiliser internet et à faire des démarches administratives en ligne. Cela a changé ma vie. Aujourd’hui, je peux postuler pour un emploi et suivre des cours en ligne, ce que je ne pouvais pas faire avant. »
— Fatou, participante à un atelier de médiation numérique à Bruxelles
Vers une transformation numérique inclusive : les défis à relever
Bien que de nombreuses initiatives publiques et associatives aient été mises en place pour lutter contre la fracture numérique à Bruxelles, des défis importants demeurent. La transition numérique représente un enjeu majeur pour la ville, et il est crucial que les efforts d’inclusion soient renforcés pour garantir que personne ne soit laissé de côté.
La coordination des initiatives : un défi à relever
Si les initiatives locales sont nombreuses, elles manquent parfois de coordination entre elles, entre les différents acteurs publics, et avec le secteur privé. Une meilleure synergie entre les communes, les associations et les structures publiques permettrait de rendre les efforts de lutte contre la fracture numérique plus efficaces et de toucher davantage de citoyens.
Bruxelles dispose de nombreuses ressources, mais elles sont parfois fragmentées. L’enjeu est de réunir les efforts sous un même chapeau stratégique pour maximiser l’impact des initiatives, créer des ponts entre les différents acteurs et atteindre une plus grande population.
L’accessibilité aux outils numériques : un enjeu majeur
Un autre défi réside dans l’accessibilité réelle aux outils numériques. Bien que la médiation numérique soit largement développée, la question de l’équipement demeure. Tout le monde n’a pas forcément un ordinateur personnel ou une connexion internet de qualité à domicile. À Bruxelles, certains quartiers sont encore mal desservis en matière de réseaux haut débit, ce qui limite l’accès au numérique pour certaines populations.
Le financement des équipements numériques reste également un obstacle, notamment pour les familles les plus précaires. Même avec des formations gratuites, le manque d’équipement reste un frein à l’accès réel aux services numériques et à l’apprentissage de nouvelles compétences.
La montée en compétences des citoyens : un besoin d’accompagnement durable
L’un des plus grands défis reste de former durablement les citoyens aux compétences numériques. Si de nombreuses formations existent, elles doivent s’adapter aux besoins spécifiques des habitants et être continuellement mises à jour pour suivre l’évolution rapide des outils numériques. Les compétences de base sont essentielles, mais il faut également permettre aux citoyens de se former aux compétences avancées nécessaires à une participation active à la société numérique.
Les médiateurs numériques doivent jouer un rôle clé dans l’accompagnement des citoyens, non seulement pour les initier à l’utilisation des outils, mais aussi pour les aider à s’adapter aux nouvelles évolutions numériques dans leur vie quotidienne, professionnelle et administrative.
Comparaison avec d’autres villes : des exemples inspirants
Certaines villes européennes, comme Barcelone ou Helsinki, ont fait de l’inclusion numérique une priorité publique. Ces villes ont mis en place des plans d’action coordonnés pour l’inclusion numérique, impliquant des partenariats publics-privés, des subventions ciblées pour l’équipement, et des formations continues adaptées aux besoins spécifiques de leurs populations.
Bruxelles pourrait s’inspirer de ces modèles en accélérant la mise en place d’une stratégie d’inclusion numérique à long terme qui implique tous les acteurs de la ville. L’objectif serait de garantir un accès universel et équitable aux outils numériques, de favoriser l’autonomisation des citoyens et de réduire la fracture numérique dans la capitale.
📊 Chiffres clés – Les défis à relever pour l’inclusion numérique à Bruxelles
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25 % des foyers bruxellois n’ont pas de connexion Internet stable ou d’équipement informatique adapté à domicile (source : Bruxelles Environnement, 2023)
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30 % des Bruxellois ne possèdent pas de compétences numériques de base.(source : Université Libre de Bruxelles, 2022)
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18 % des jeunes bruxellois en difficulté scolaire ont un accès limité à internet ou aux outils numériques. (source : Etude sur l’accès à la formation numérique, 2022)
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Les inégalités d’équipement entre les quartiers sont particulièrement visibles dans les quartiers populaires, où 45 % des ménages n’ont pas accès à un ordinateur personnel. (source : Observatoire des Inégalités, 2022)
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Les initiatives publiques actuelles touchent environ 60 % des Bruxellois, mais des efforts sont nécessaires pour atteindre les 40 % restants. (source : Bruxelles Numérique, 2023)
Lutter contre la fracture numérique à Bruxelles : un défi collectif
La fracture numérique à Bruxelles reste un défi majeur pour l’inclusion sociale et la participation citoyenne. Alors que de nombreuses initiatives publiques et associatives ont été mises en place pour réduire ces inégalités, il reste encore beaucoup à faire pour garantir un accès équitable au numérique pour tous les habitants de la capitale.
Les initiatives de médiation numérique, les programmes de formation, et les projets d’accès à internet jouent un rôle essentiel dans la réduction de la fracture numérique. Cependant, il est crucial que ces efforts soient coordonnés à l’échelle de la ville, afin de maximiser leur impact et d’atteindre l’ensemble de la population, en particulier les plus vulnérables.
Pour réussir, il est nécessaire d’investir davantage dans des solutions durables, de rendre les outils numériques plus accessibles et de favoriser une éducation numérique continue pour tous. Cela passe aussi par un partenariat public-privé fort, capable de soutenir cette transformation numérique inclusive.
Chacun de nous peut participer à cette dynamique : en soutenant les initiatives locales, en participant à des ateliers numériques, ou en soutenant des projets qui œuvrent pour une ville numériquement équitable. L’inclusion numérique n’est pas seulement une question de technologie, mais de solidarité sociale et de justice économique.

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