Face aux enjeux climatiques et sociaux, Bruxelles s’engage à promouvoir une alimentation durable fondée sur les circuits courts et les AMAP. De la ferme à l’assiette, ces modes de distribution réduisent les intermédiaires, soutiennent l’agriculture paysanne et garantissent des produits locaux, de saison et de qualité. Plongeons dans les dynamiques qui transforment notre système alimentaire urbain.
📊 Chiffres clés
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92 groupes de GASAP (Groupes d’Achats Solidaires de l’Agriculture Paysanne) en Belgique, dont 9 producteurs actifs à Bruxelles (Le Réseau des GASAP)
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30% de production locale visée pour fruits et légumes bruxellois d’ici 2035 (Stratégie Good Food)
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5 millions € de chiffre d’affaires estimé pour les paniers bio et circuits courts à Bruxelles en 2014 (Good Food)
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65% des consommateurs bruxellois achètent en circuits courts sur les marchés, 38% à la ferme et 28% dans les magasins de proximité (Pour la Solidarité, 2011)
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32 000 Bruxellois·es dépendant de l’aide alimentaire, soit près de 7% de la population (Good Food)
Les circuits courts : reconnecter consommateurs et producteurs
Les circuits courts se caractérisent par un maximum d’un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. À Bruxelles, ils se déploient à travers :
– Les GASAP, où 20 à 25 familles s’engagent pour une saison ou une année, payant d’avance un abonnement contre la livraison hebdomadaire d’un panier de légumes, fruits, produits laitiers, œufs et parfois viande ou farine.
– Les marchés (Mabru, Parvis de Saint-Gilles, Place Flagey), où les producteurs vendent en direct au public, représentant 65% des achats en circuit court.
– Les boutiques de fermes en périphérie et magasins de producteurs, fournissant 28% des consommateurs de la Région.
Ces modes d’approvisionnement renforcent la transparence : le consommateur connaît le nom du paysan, ses pratiques culturales et garantit un prix juste sans marge excessive.
« Grâce au GASAP, j’ai pu discuter chaque semaine avec notre maraîcher de Forest. Je sais enfin comment il cultive mes légumes et je participe à son modèle économique. »
– Marion, consommatrice engagée
Les AMAP, un modèle solide de solidarité paysanne
Inspirées du modèle français, les AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) fonctionnent par partenariat direct entre un groupe de citoyen·ne·s et un ou plusieurs agriculteurs bio. À Bruxelles, plusieurs AMAP proposent :
– Le Jardin des Saules (Uccle) : paniers hebdomadaires de légumes bio, abonnements de 10 € à 19 € par semaine, inscriptions closes pour 2025.
– BIOce (Forest) : contrats annuels garantissant un revenu stable aux producteurs de légumes, œufs, volailles et légumineuses, avec distribution sur cinq points en Région bruxelloise.
Les adhérents s’engagent moralement et financièrement, permettant au producteur de planifier ses cultures et d’investir. Le partage du risque (aléas climatiques, rendement variable) renforce la solidarité entre consom’acteurs et agriculteurs.
Enjeux et freins au développement
Malgré leur essor, ces alternatives rencontrent des obstacles :
– Accès au foncier : le coût du terrain en Région bruxelloise dissuade l’installation de nouvelles fermes périurbaines.
– Visibilité : manque de coordination et de communication centralisée, rendant l’offre difficile à dénicher pour les citadins novices.
– Accessibilité financière : bien que moins chère que le bio en grande distribution, l’abonnement initial peut freiner certains budgets modestes.
– Logistique et distribution : la coordination des jours et lieux de livraison entre producteurs et groupes exige de l’organisation bénévole.
Pour surmonter ces freins, Good Food recommande de développer une plateforme régionale unique, de soutenir la formation des porteurs de projets et de subventionner l’accès au foncier pour les fermes périurbaines.
Bonnes pratiques et initiatives à suivre
Plusieurs actions inspirantes émergent :
– Plateformes numériques : carte interactive du Réseau des GASAP pour localiser facilement les groupes et producteurs.
– Troc de semences et ateliers participatifs : animations dans les potagers urbains pour sensibiliser à la saisonnalité et aux variétés anciennes (Bruxelles Environnement).
– Collaboration horeca-circuits courts : restaurants comme Chez Franz intègrent des paniers issus de circuits courts dans leur menu, assurant un débouché supplémentaire aux producteurs locaux.
– Soutien municipal : subventions à l’installation de points de distribution en maison communale ou dans les écoles, facilitant l’accès aux paniers bio et locaux.
« Après avoir participé à l’atelier de semis organisé par Bruxelles Environnement, j’ai créé une AMAP de quartier. Nous sommes 30 familles aujourd’hui ! »
– Samuel, animateur d’atelier
Perspectives pour une alimentation plus résiliente
La Région bruxelloise vise désormais 30% de production locale pour ses fruits et légumes d’ici 2035, passant de 7% actuels à une densification des fermes périurbaines et de l’agriculture urbaine. Les synergies entre vélo cargo, groupements d’achats et AMAP doivent encore se renforcer pour réduire l’empreinte carbone. La mise en place d’incubateurs alimentaires et la création de fonds citoyens pour investir dans les fermes bio sont des pistes à explorer.
En adoptant les circuits courts et les AMAP, chaque Bruxellois·e peut devenir acteur·rice de la transition alimentaire, soutenir l’agriculture paysanne et construire une ville plus solidaire et durable.

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