Ces PME bruxelloises qui misent sur l’économie circulaire pour durer

by | 22 Août 2025 | Économie, Social | 0 comments

Et si repenser nos façons de produire et de consommer devenait une réelle opportunité économique ? À Bruxelles, de plus en plus de petites entreprises s’orientent vers l’économie circulaire pour allier innovation, durabilité et ancrage local. Dans une ville où les ressources sont limitées et les enjeux environnementaux urgents, ce modèle permet non seulement de réduire les déchets, mais aussi de renforcer le tissu économique local. Cet article met en lumière ces PME bruxelloises qui transforment leurs pratiques pour construire une économie plus résiliente, plus responsable et plus circulaire.

L’économie circulaire à Bruxelles, entre nécessité et opportunité

L’économie linéaire (produire, consommer, jeter ) montre aujourd’hui ses limites. Face à l’épuisement des ressources, à la crise climatique et à l’augmentation des déchets, l’économie circulaire propose un nouveau modèle : réduire, réutiliser, réparer, recycler. Elle cherche à fermer les boucles, à valoriser les matières existantes, et à concevoir des produits durables dès leur origine.

À Bruxelles, cette approche est devenue un axe stratégique de développement économique. Depuis 2016, la Région a mis en œuvre le Programme Régional en Économie Circulaire (PREC), visant à stimuler l’entrepreneuriat circulaire, créer des emplois locaux et transformer les chaînes de valeur existantes. Ce programme a soutenu plus de 250 projets circulaires en quelques années, dans des secteurs aussi variés que la construction, l’alimentation, le textile ou l’électronique.

Les enjeux sont réels. Chaque Bruxellois produit en moyenne 350 kg de déchets ménagers par an. Or, une grande partie pourrait être évitée, réutilisée ou valorisée localement. L’économie circulaire offre ainsi une réponse économique et environnementale à cette pression : elle permet de limiter l’extraction de nouvelles matières premières, de réduire l’empreinte carbone des activités, et de stimuler une économie locale plus sobre et plus résiliente.

Au-delà de l’écologie, c’est une nouvelle manière d’entreprendre qui émerge : plus inclusive, plus locale, plus durable. Et à Bruxelles, de nombreuses PME relèvent déjà le défi.

📊 Chiffres clés – L’économie circulaire à Bruxelles

  • Plus de 250 projets soutenus via le PREC depuis 2016

  • 350 kg de déchets ménagers générés par habitant chaque année

  • 50 % des déchets bruxellois pourraient être évités ou valorisés localement

  • 1 emploi sur 10 concerné directement ou indirectement par l’économie circulaire

Ces entreprises bruxelloises qui font tourner la boucle

À Bruxelles, des petites entreprises réinventent leur activité pour répondre aux défis environnementaux sans sacrifier leur viabilité économique. Elles placent l’économie circulaire au cœur de leur modèle, en valorisant les ressources locales, en réduisant les déchets ou en prolongeant la durée de vie des objets. Voici quelques exemples concrets d’acteurs bruxellois qui traduisent ce concept en actions.

PermaFungi : du marc de café aux pleurotes
Implantée dans les caves des abattoirs d’Anderlecht, PermaFungi collecte les déchets de marc de café dans les cafés et restaurants du centre-ville, les transforme en substrat pour faire pousser des champignons biologiques, et revend ensuite ces pleurotes aux commerces de proximité. Une boucle locale, écologique et gourmande.

Resortecs : l’écoconception textile comme moteur d’innovation
Resortecs développe des fils de couture thermodégradables permettant de démonter facilement les vêtements en fin de vie. Ce procédé facilite le recyclage des matériaux textiles et réduit drastiquement les pertes. Lauréate de plusieurs prix européens, cette startup prouve que l’innovation technique peut accélérer la circularité, même dans des secteurs complexes.

Cyclup : le réemploi au cœur de la construction
Cyclup agit dans le secteur du bâtiment en proposant la réutilisation de matériaux de construction issus de chantiers de déconstruction. Ces matériaux sont remis en circulation, évitant ainsi leur mise en décharge. L’entreprise collabore avec des architectes, des promoteurs et des pouvoirs publics pour intégrer le réemploi dès la conception des projets.

Usitoo : louer plutôt qu’acheter
Usitoo propose une plateforme de location d’objets du quotidien afin de réduire la surconsommation et d’optimiser l’usage des biens. Accessible en ligne ou via des casiers physiques à Bruxelles, ce service mise sur la mutualisation pour faire de la consommation responsable une pratique simple et locale.

Des bénéfices concrets pour la ville et ses habitants

Si l’économie circulaire séduit de plus en plus d’entrepreneurs bruxellois, c’est parce qu’elle génère des impacts tangibles, bien au-delà de l’écologie. Ces modèles économiques durables participent à transformer la ville, en renforçant son économie locale, en créant de l’emploi non délocalisable, et en réduisant son empreinte environnementale.

L’un des premiers effets est la réduction des déchets à la source. En favorisant le réemploi, la réparation ou l’écoconception, les entreprises circulaires limitent la production de matières résiduelles et la consommation de ressources vierges. Cela contribue à alléger la pression sur les filières de traitement des déchets, tout en diminuant les émissions liées au transport ou à l’incinération.

L’impact est aussi social. De nombreuses structures circulaires s’inscrivent dans l’économie sociale et solidaire, en intégrant des travailleurs en insertion, en formant des publics éloignés de l’emploi, ou en coopérant avec des initiatives de quartier. La circularité devient ainsi un levier d’inclusion, qui permet à la transition écologique de bénéficier à tous.

Par ailleurs, ces modèles stimulent l’ancrage local. En relocalisant la production, en s’approvisionnant auprès d’acteurs bruxellois ou en ciblant des besoins de proximité, les entreprises engagées participent à la résilience économique du territoire. Elles favorisent les circuits courts, réduisent les dépendances extérieures, et renforcent le lien entre entrepreneurs, consommateurs et acteurs publics.

Enfin, ces démarches ont un effet d’entraînement culturel. Elles modifient nos manières de consommer, de produire, de jeter. Elles rendent visible une autre économie possible, fondée sur la coopération, la sobriété et la créativité.

Paroles de terrain : créer du sens, au-delà du modèle

« Quand j’ai lancé ma boîte, je voulais faire plus que juste « vendre un produit ». L’économie circulaire me permet de proposer quelque chose de cohérent avec mes valeurs : limiter les déchets, relocaliser la production, recréer du lien. Et contrairement à ce qu’on croit, c’est aussi viable économiquement — on attire des clients qui veulent du sens. »
— Julie, fondatrice d’un atelier d’upcycling textile à Ixelles

« Je viens d’un parcours un peu chaotique, j’ai fait plusieurs formations avant de décrocher un contrat chez Cyclup. Ici, on m’a appris à démonter, trier, réparer. Mais surtout, j’ai retrouvé une place. Travailler dans une entreprise qui réutilise des matériaux, ça change la vision qu’on a du boulot et de l’environnement. »
— Karim, ouvrier en insertion dans une coopérative de réemploi

Une ville en réseau avec l’Europe de demain

L’économie circulaire à Bruxelles ne se construit pas en vase clos. Elle s’inscrit dans un mouvement plus vaste porté par les institutions européennes et les grandes métropoles du continent. Le Pacte vert pour l’Europe place la circularité au cœur de la transition économique et écologique. Bruxelles, en tant que capitale européenne, y joue un rôle clé, à la fois symbolique et stratégique.

Des villes comme Amsterdam, Copenhague ou Paris développent elles aussi des stratégies ambitieuses. Amsterdam a lancé son « Doughnut Economics » pour articuler circularité et inclusion sociale ; Paris soutient les filières de réemploi dans le bâtiment et le textile ; Copenhague mise sur la décarbonation via des modèles circulaires territorialisés.

Bruxelles se distingue par son approche collaborative : elle combine soutien public, innovation entrepreneuriale et participation citoyenne. Des appels à projets comme BeCircular, des réseaux comme Circlemade ou encore les financements de hub.brussels permettent à des dizaines de PME locales de s’insérer dans des dynamiques européennes, de se former, de se structurer et de changer d’échelle.

Demain, l’enjeu ne sera plus seulement d’expérimenter, mais de consolider ces modèles : créer des coopérations intersectorielles, mutualiser les ressources, construire des filières complètes, partager les données. L’économie circulaire bruxelloise doit désormais franchir un cap, pour que l’exception devienne la norme.

Entreprendre autrement, consommer localement, soutenir le changement

À Bruxelles, des dizaines de petites entreprises prouvent qu’un autre modèle économique est possible. En misant sur l’économie circulaire, elles repensent leurs produits, leurs services, leurs modes de production — et redonnent du sens à l’acte d’entreprendre. Leur impact est mesurable : moins de déchets, plus d’emplois locaux, une économie plus résiliente.

Ces exemples ne sont pas des cas isolés. Ils montrent que la transition peut être portée par le tissu économique existant, à condition d’être soutenue, relayée, amplifiée.

En tant que citoyen, consommer circulaire, c’est choisir des biens durables, réparables, produits localement. En tant qu’acteur économique, c’est repenser ses filières, son impact, ses pratiques. En tant que ville, c’est construire des alliances nouvelles entre public, privé et société civile.

Bruxelles a une carte à jouer. Et nous avons tous un rôle à tenir pour qu’un modèle plus juste, plus sobre et plus intelligent devienne la norme.

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