À Bruxelles, la transition écologique et sociale ne se fait pas sans elles. Dans les quartiers, les friches, les cuisines partagées ou les jardins collectifs, des femmes lancent des initiatives citoyennes porteuses de changement. Agriculture urbaine, réparation, zéro déchet, solidarité : leurs actions ont un impact concret sur le quotidien et la ville de demain. Mieux les comprendre, c’est aussi mieux soutenir une transition inclusive et durable.
Un mouvement en pleine éclosion
La transition au féminin
Elles ne font pas toujours la une des journaux, mais elles transforment la ville au quotidien. De Forest à Schaerbeek, en passant par Anderlecht ou Saint‑Gilles, des femmes bruxelloises s’engagent pour une transition écologique plus juste, souvent en réponse à des besoins concrets de leur quartier : manque de lien social, précarité énergétique, alimentation inaccessible, déchets en excès.
Leur approche se distingue par sa dimension pragmatique et collective. Il ne s’agit pas seulement de sensibiliser, mais de faire : réparer plutôt que jeter, cultiver en ville, mutualiser les ressources, tisser des réseaux d’entraide. Ces initiatives féminines à Bruxelles incarnent une écologie de terrain, enracinée dans le réel, souvent intergénérationnelle et résolument inclusive.
Chiffres et constats
Difficile de quantifier précisément le rôle des femmes dans la transition, tant leur action échappe parfois aux radars institutionnels. Pourtant, selon Bruxelles Environnement, les femmes représentent une majorité dans les initiatives citoyennes locales, notamment dans l’alimentation durable, la réduction des déchets et les projets sociaux-éducatifs liés à l’écologie.
Cependant, elles demeurent moins présentes dans les instances décisionnelles. Trop rares sont celles qui accèdent à des financements structurels ou sont intégrées dans les politiques publiques, malgré un impact tangible sur leurs communautés.
Des initiatives qui changent la donne
L’économie circulaire portée par des femmes
Qu’il s’agisse de réparer des objets, de donner une seconde vie aux textiles ou de mutualiser les ressources, de nombreuses femmes à Bruxelles sont en première ligne de l’économie circulaire locale. Par exemple, Bruxelles Environnement soutient des associations via des appels à projets “zéro déchet”, offrant des financements jusqu’à 15 000 € pour des initiatives locales d’économie circulaire.
Ces initiatives sont autant écologiques que sociales, renforçant l’autonomie économique des femmes, valorisant des savoir-faire artisanaux et recréant du lien local.
L’alimentation durable et locale
L’alimentation durable est un domaine où les initiatives féminines sont particulièrement nombreuses. À Bruxelles, les projets d’agriculture urbaine sont soutenus via des appels à projets comme “Inspirons le quartier” ou “Good Food”, pilotés par Bruxelles Environnement.
Ces projets, souvent portés par des collectifs locaux, visent à rapprocher production et consommation, en lien avec le territoire.
Mobilité, inclusion, justice sociale
Certaines initiatives féminines bruxelloises abordent également les enjeux de mobilité et d’égalité d’accès à l’espace public. Par exemple, Sophie Melckmans témoigne de son rôle atypique au sein de la propreté publique :
« Je suis là depuis plus de 9 ans… C’est une fierté de montrer que les femmes peuvent aussi faire ce boulot-là »
Ce type de témoignage illustre combien les femmes, quotidiennement, réinventent leur place dans la ville – au service des autres mais aussi comme actrices à part entière.
Portraits : elles agissent pour Bruxelles
Oumaïma, vers le zéro déchet
Une Bruxelloise témoigne de sa transition vers le zéro déchet :
« Faire ses premiers pas dans le zéro déchet… difficile ou jouable »
Son expérience concrète incarne la volonté de nombreux citoyens, en particulier des femmes, de repenser leur consommation pour réduire leur impact environnemental.
Jardin communautaire à Laeken
Dans le cadre de l’agriculture urbaine, un jardin communautaire à Laeken illustre bien les dynamiques collectives et inclusives :
« Des initiatives citoyennes transforment des espaces vacants en jardins, renforçant le lien social »
Ces espaces nourriciers et partagés sont d’autant plus porteurs qu’ils viennent des habitant·es eux-même, souvent des femmes à l’initiative de ces projets.
Un impact réel sur la ville
Au‑delà du quartier : des modèles reproductibles
L’agriculture urbaine bruxelloise, appuyée depuis 2015 par la stratégie Good Food, montre une montée en puissance remarquable : de nombreux projets pilotes se développent aujourd’hui, et l’intérêt citoyen ne cesse de croître.
Cette dynamique démontre le potentiel des initiatives locales, souvent féminines, à devenir des modèles repliables ailleurs.
Vers une gouvernance plus inclusive
Malgré ces réussites, ces initiatives citoyennes peinent encore à obtenir une reconnaissance institutionnelle pleine. Pour que Bruxelles fasse enfin de sa transition une affaire collective, il est essentiel de valoriser ces acteurs, de financer leurs actions, et de leur accorder une place dans les dispositifs publics.
Une dynamique européenne à suivre
D’autres villes mettent les femmes au cœur de la transition
À l’échelle européenne, plusieurs capitales montrent la voie : des collectifs féminins portent l’agriculture urbaine, la mobilité ou l’alimentation durable, soutenus institutionnellement. Cela indique qu’une ville inclusive se construit avec toutes et tous.
Bruxelles, une capitale à la croisée des chemins
Bruxelles reste riche d’un fort potentiel : diversité, citoyenneté active, mobilisation croissante. Pourtant, il manque encore une stratégie claire valorisant les initiatives citoyennes féminines comme piliers de la transition. Il est temps que les pouvoirs publics s’inspirent de ce qui fonctionne ailleurs, et fassent de ces dynamiques un levier structurant.
Visibiliser, soutenir, amplifier
À Bruxelles, de nombreuses femmes œuvrent chaque jour à rendre la ville plus vivante, solidaire et durable. Grâce à leurs initiatives, la ville change — mais trop souvent à leur marge.
Il est urgent de leur offrir visibilité, ressources durables, et place dans la gouvernance de la transition. Changer la ville, c’est aussi changer celles et ceux qui la façonnent.

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