Quand un parc urbain devient centrale bas carbone
Dans le parc Maximilien à Bruxelles, des forages tests débutent le 8 décembre 2025 pour lancer Be.SHARE, un réseau de chaleur « bas carbone » combinant géothermie et riothermie. L’objectif est de transformer cette oasis verte en moteur énergétique pour bureaux et logements, tout en réduisant drastiquement les émissions de CO₂ et en abaissant les factures.
Un projet pilote en plein cœur de la Nordwijk
Be.SHARE est une initiative de Bruxelles Environnement, en partenariat avec Vivaqua, Sibelga, l’université VUB, Karno et la vzw Samenleven. Cofinancé à hauteur de près de 5 millions d’euros par l’Initiative Urbaine Européenne, ce projet vise à tester, du 8 décembre 2025 au 4 janvier 2026, des forages jusqu’à 150 m de profondeur sous le parc Maximilien. Cette phase exploratoire permettra de déterminer les emplacements et la configuration des futurs puits géothermiques.
Début 2026, les travaux d’installation du réseau de chaleur démarreront pour environ deux ans. Le calendrier serré reflète l’urgence climatique à Bruxelles, qui prévoit déjà de couvrir 50 % de ses besoins en chauffage grâce aux réseaux urbains.
Géothermie et riothermie : deux leviers pour un même objectif
Concrètement, la géothermie exploitera la chaleur de la terre grâce aux forages dans le sol du parc, tandis que la riothermie récupérera l’énergie contenue dans les eaux usées du réseau d’assainissement. En combinant ces deux sources locales, Be.SHARE entend offrir un approvisionnement constant en chaleur ou en froid, selon les besoins saisonniers.
Lors des tests, des capteurs mesureront la température et la perméabilité des sous-sols. Ces données détermineront non seulement le nombre de forages nécessaires, mais aussi la capacité du système à injecter de l’eau chaude ou froide dans le réseau. À terme, l’infrastructure devra répondre à la demande de plusieurs dizaines de bâtiments dans le quartier Nordwijk.
Une symphonie énergétique entre bureaux et logements
Le caractère innovant de Be.SHARE réside dans l’échange d’énergie entre usagers. « Met dit project laten we zien dat een park zowel een plaats om te leven als een motor voor de energietransitie kan zijn », affirme Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles. Ainsi, en journée, les bureaux sont chauffés ou refroidis via le réseau, puis restituent leur chaleur aux logements en soirée, lorsque les habitants sont chez eux.
Inversement, en périodes de canicule, le système fonctionne comme un gigantesque climatiseur urbain : il capte la fraîcheur souterraine et la distribue aux habitations, sans recourir à des climatiseurs énergivores. Cette circularité énergétique promet non seulement une meilleure efficacité, mais aussi une résilience aux pics de consommation.
Obstacles techniques et acceptabilité sociale
Pour autant, plusieurs défis se dressent sur la route de ce projet ambitieux. D’abord, la phase de forage dans un parc historique soulève des questions de conservation du patrimoine paysager et de biodiversité. Bruxellois et promeneurs devront composer avec des zones de chantier pendant deux ans, ce qui pourra créer des tensions locales.
Sur le plan technique, la réussite dépendra de la performance conjointe des forages géothermiques et du prélèvement d’énergie dans les eaux usées, deux technologies encore peu couplées à grande échelle. Enfin, malgré le soutien financier européen, les coûts d’exploitation et de maintenance à long terme devront rester maîtrisés pour garantir la baisse effective des factures des usagers.
Un modèle pour la transition urbaine européenne
Au-delà de la Nordwijk, Be.SHARE pourrait servir de modèle pour d’autres quartiers bruxellois et pour des villes européennes confrontées aux mêmes enjeux énergétiques. Des métropoles comme Paris ou Copenhague ont déjà développé des réseaux de chaleur basse température, mais rare est la combinaison avec la riothermie dans un parc public.
Si les objectifs sont atteints, Bruxelles renforcera sa position de pionnière en matière de transition énergétique urbaine. À terme, ce modèle intégré pourrait contribuer à l’objectif plus large de neutralité carbone à l’horizon 2050, tout en améliorant la qualité de vie en milieu dense.

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